Hearing

Une histoire à hauteur d’homme qui met à nu les rouages de la société iranienne contemporaine.

Chaque fois qu’elle prend son vélo, Samaneh repense à Neda qui dévalait, libre, les rues encore désertes de Téhéran ; à Neda qui ne reviendrait pas de son exil en Suède. Elle repense au soir du Nouvel An… où tout a changé dans sa vie.

Dans un internat universitaire iranien pour femmes, la présence d’un homme est formellement interdite. Pourtant, ce soir-là, la jeune Samaneh croit entendre une voix masculine dans la chambre voisine, celle de son amie Neda. Des rires ? Des éclats de voix ? Des murmures ? Qu’a-t-elle donc vraiment entendu ? La rumeur de la transgression absolue court… Un rapport est remis à la surveillante. Bien qu’anodine en apparence, cette affaire aura laissé dans la vie de Neda des traces indélébiles. Depuis douze ans, Samaneh revit en boucle l’interrogatoire subi, ressasse les réponses qu’elle ne peut plus changer, revoit son cauchemar de femme coincée dans la culpabilité .

Véritable figure de passeur dans le monde du théâtre iranien, Amir Reza Koohestani conçoit ses récits comme des jeux de miroirs. Dans Hearing, il opte pour un dispositif minimal où quatre comédiennes et une caméra, qui filme les coulisses de l’action, laissent apparaitre une réalité beaucoup plus trouble qu’on ne le croit ; et c’est là toute l’intelligence du théâtre de ce grand dramaturge. S’il évoque la situation des femmes, il laisse affleurer, sans manichéisme, sans dénonciation, un visage plus secret de la société iranienne contemporaine et évoque plus largement le rapport aux autres et la distance entre les individus.