Le PBA

Avant le Palais des Beaux-Arts

Sur la place du Manège, trônait, depuis 1901, le Grand Cirque construit par Auguste Bovyn, renommé plus tard Théâtre des Variétés. Après des travaux de rénovation en 1918, la nouvelle grande salle pouvait recevoir 2500 personnes. Sous la direction de Gustave Bernard, étaient programmés les spectacles les plus populaires de l’époque : opéras, opérettes, féeries des glaces, music-hall, revues et matchs de catch. Il s’agissait d’un théâtre privé et la gestion n’était donc pas toujours simple. Quand les caisses étaient vides, Gustave Bernard possédait un remède implacable : L’Auberge du Cheval Blanc qui se jouait toujours à guichets fermés durant plusieurs semaines.

Dès 1925, le bourgmestre Joseph Tirou mène un programme ambitieux de modernisation de Charleroi. Le nouvel Hôtel de Ville est terminé en 1936. Au lendemain de seconde guerre, il lance la construction d’édifices publics destinés à confirmer Charleroi dans son rôle de grande ville du pays et, en même temps, d’élever le bien-être de la population : le Palais des Expositions, Palais des Beaux-Arts et même l’Église Saint-Christophe. Tous ces projets ont un seul et même architecte : Joseph André.

En 1948, au terme d’une séance agitée, le Conseil communal décide du rachat du Théâtre des Variétés et approuve l’avant-projet de construction du Palais des Expositions, qui devait faire de la ville un centre économique et commercial aussi attrayant qu’imposant, et du Palais des Beaux-Arts. Ce dernier sera destiné principalement à la promotion en terre carolorégienne du théâtre, des beaux-arts, des lettres, de la musique, du cinéma et de la télévision et plus largement à tout ce qui pouvait contribuer au développement culturel.

Une infrastructure unique

Six ans plus tard, le 24 octobre 1957, le Palais des Beaux-Arts est inauguré en grande pompe. Robert Rousseau en sera le premier directeur.

Ce nouvel édifice de 15 000 m² est unique pour l’époque et demeure encore aujourd’hui un des plus beaux complexes culturels du royaume : la Grande salle de 1 800 places, la salle de Congrès (principalement dédiée à la musique de chambre), la Réserve (200 places), deux salles d’exposition de 1.000 m² en tout, une brasserie qui accueillait à l’époque 600 personnes (transformée en Point Culture jusqu’en 2023). Y sont intégrées des œuvres de nombreux artistes : René Magritte, Marino Marini, Pierre Paulus, Alphonse Darville, Ossip Zadkine, Jean Ransy… Cette bâtisse répondra à de nombreuses exigences politiques, artistiques et techniques dans un style mêlant Art déco et Modernisme, deux courants architecturaux importants à Charleroi à l’époque.

Depuis, le théâtre a subi quelques transformations : un sous-sol a été ajouté afin d’y installer des ateliers, des lieux de stockage, des loges et des salles de répétitions ont été construites. En 1998, un grand chantier a été entrepris. En plus de désamianter le bâtiment, un travail dans la Grande salle sur l’acoustique a été opéré. À cette occasion, les fauteuils ont également été refaits à l’identique. En 2000, l’extension vitrée a été réalisée par les frères Lhoas. Par ailleurs, plusieurs éléments techniques, au niveau du plateau, (fosse d’orchestre, plancher, éclairage, rideau infrastructure de scène…) ont été modernisés.

En 2022, le Hangar, à l’infrastructure très modeste, utilisé depuis les années 2000, a été complètement rénové et transformé en un outil polyvalent et opérationnel. Avec cette salle, le PBA dispose d’une salle équipée et avec un gradin de 340 places que que regrettaient déjà quelques commentateurs dès 1957.

L’infrastructure du Palais des Beaux-Arts est également louée à des organisateurs extérieurs pour des variétés et des spectacles de divertissement. Elle est aussi très appréciée pour des colloques, des conférences et des événements d’entreprise.

Une histoire artistique

Dès son ouverture, le Palais des Beaux-Arts a présenté de nombreuses œuvres majeures dans ses deux salles d’exposition (Salvador Dali, Vincent Van Gogh, Jean-Michel Folon…). Robert Rousseau est demeuré le directeur des expositions et, à son départ, c’est son assistant, Laurent Busine, qui en a repris la direction. Appelé à fonder et à diriger le premier musée d’art contemporain de Wallonie (le MAC’s à Mons), Laurent Busine quitte le PBA en 2002. Hélas, la baisse drastique des moyens consacrés à la culture dans les années 80 et 90, conjuguée à l’explosion des couts en matière d’expositions n’ont pas permis au PBA de poursuivre cette politique ambitieuse.

Par ailleurs, le Ballet du Hainaut, le Théâtre de l’Ancre (1967), le Théâtre du Printemps, La Maison de la Culture (1973, aujourd’hui l’Eden) se sont successivement créés au sein du PBA avant de prendre leur envol. En 1966, le Ballet du Hainaut se transforme en Ballet de Wallonie. Il connaitra une grande réputation internationale à partir de la direction artistique de Jorge Lefevre et deviendra Charleroi/danses sous l’impulsion de Frédéric Flamand en 1992.

L’opéra et les opérettes ont fait les beaux jours du PBA. La troupe permanente de chanteurs, musiciens et danseurs et des vedettes parisiennes (Luis Mariano, Marcel Merkès, Paulette Merval…) s’en sont donné à cœur joie.

D’autre part, l’institution proposait déjà, dès son ouverture, du théâtre et des concerts de musique classique ainsi que des variétés. On y accueillait essentiellement des vedettes parisiennes (Annie Girardot, Jean-Louis Trintignant, Jean-Paul Belmondo..) ainsi que quelques décentralisations du Théâtre national. Concernant la musique, le Palais des Beaux-Arts travaillait en collaboration avec les Concerts symphoniques populaires, l’Orchestre symphonique de Liège, Le Tokyo Philharmonic orchestra… Le PBA a également accueilli des grands artistes tels que Jacques Brel, Edith Piaf, Barbara, Claude François, etc.

Aujourd’hui et demain

Une scène internationale pluridisciplinaire d’accueil, de création et de diffusion

En 2002, c’est Pierre Bolle, alors directeur du Centre culturel de Charleroi, qui fut choisi pour succéder à Guy Rassel, directeur du PBA depuis 1960, sur base d’un projet original qui unissait les deux structures. Sous le sigle PBA + Eden, était proposée une programmation variée comprenant du théâtre, du cirque, de la musique classique, de la musique du monde, de l’opéra, de l’opérette et de la danse, en articulation avec une politique d’action culturelle et d’éducation permanente. Cette fusion a également permis la création d’un magazine (Le Latitude) et d’un abonnement commun aux quatre grands opérateurs en arts de la scène à Charleroi : PBA, Charleroi danse, L’Ancre et l’Eden. La formule, unique en Belgique, existe toujours. En 2012, suite à une redéfinition des missions des Centres culturels et des arts de la scène, la synergie a dû être abandonnée et Pierre Bolle a choisi de demeurer à la tête du Palais des Beaux-Arts. Il en a profité pour confirmer sa volonté de programmer de l’opéra, en collaboration étroite avec l’Opéra royale de Wallonie-Liège, et des spectacles contemporains de grand format, en particulier en théâtre et en danse. Le PBA a ainsi accueilli Joël Pommerat, Wajdi Mouawad, Thomas Jolly, Mourad Merzouki, Jan Fabre, Dada Massilo, Maggy Marin, Pina Bausch, seul ou en collaboration avec l’Ancre, Charleroi danse et l’Eden. En outre, nous avons conservé l’organisation du Festival Charleroi bisARTS et du Focus flamand a été conservée.

En outre, le PBA s’est aussi vu confier des missions de création. En effet, il est reconnu depuis 2009 comme Pôle lyrique léger de Fédération Wallonie-Bruxelles. Il a dans ce cadre vocation à mettre sur pied des créations en matière de comédie musicale, opérette, opéra bouffe, opéra-comique et théâtre musical. Ses dernières productions ont largement entamé une carrière internationale avec de nombreux lieux d’accueil en Belgique et en France : Un Violon sur le toit (2015), Les Parapluies de Cherbourg (2017) et Chantons sous la pluie (2020) qui est promis à un bel avenir… En outre, en quelques années, le PBA est parvenu à tisser un réseau de coproducteurs, avec des institutions telles que l’Opéra royal de Wallonie-Liège, l’Opéra de Reims, les Folies lyriques de Montpellier…

Depuis 2017, Pierre Bolle a également mis en place le Studio lyrique (porté à l’originie  par Marcel Vanaud et Cécile Bolle), destiné à de jeunes chanteurs lyriques sortis depuis peu des conservatoires et des écoles d’art lyrique. Après un encadrement vocal et musical de trois mois, ils ont l’occasion d’interpréter une œuvre du répertoire, mise en scène par un professionnel et devant un véritable public. Le projet recueille chaque année davantage de succès public et est même aujourd’hui accueilli à l’extérieur.

En 2023, Marie Noble succède à Pierre Bolle à la tête du Palais des Beaux-Arts. Tout en s’inscrivant dans la ligne artistique de son prédécesseur, elle s’attelle à faire rayonner l’institution
– à l’international, par l’intermédiaire de productions et d’accueils audacieux, souvent pluridisciplinaires, qui se positionnent résolument dans la modernité
– sur le territoire, au moyen d’actions de médiation multipliées, tant à destination de la jeunesse que du public socialement défavorisé.

Sous sa direction, et avec le concours d’artistes associés et de créateurs de renom, tels que Patrick Leterme, Ingrid von Wantoch Rekowski ou Dominique Serron, le Palais des Beaux-Arts élargit sa ligne opératique et s’ouvre à des formes lyriques nouvelles, telles que le théâtre musical, l’opéra de chambre, le concert ou le récital augmenté etc.

Le Palais des Beaux-Arts prépare actuellement l’ouverture, à l’horizon 2026, d’un centre de la bande dessinée et de la narration graphique consacré notamment à la transversalité entre les arts visuels et les arts vivants.

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